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C’est le démon de la discorde infâme…
Mais Dieu sur lui vient d’étendre son bras :
Il tombe et meurt sous les pieds d’une femme.
— Enfant des mers, ne vois-tu rien là-bas ?

Quels sont ces bords ? — C’est la belle Ausonie ;
De l’étranger j’y vois fumer les camps :
Le despotisme enchaîne son génie,
Et dort tranquille au pied de ses volcans.
Mais le Vésuve, indigné d’être esclave,
Brise ses flancs et vomit des soldats :
La liberté bouillonne dans sa lave.
— Enfant des mers, ne vois-tu rien là-bas ?

D’un monde usé pourquoi parler sans cesse ?
Signale-nous ce monde généreux,
Frais d’avenir, d’amour et de jeunesse,
Des cœurs aimants doux espoir, rêve heureux.
Mille parfums enivrent cette terre :
Des fruits partout ! des fleurs à chaque pas !
De l’avenir, toi qui sais le mystère,
Enfant des mers, ne vois-tu rien là-bas ?

— Oui, le voilà ! je l’entrevois dans l’ombre ;
Nul pas humain n’a profané ses bords :
Courage, amis ! en vain la nuit est sombre,
En vain l’éclair embrase nos sabords.
De ce vieux monde oublions les mensonges,
Les noirs fléaux et les soleils ingrats :
Dieu va semer le bonheur sur nos songes.
Marchons toujours, le bonheur est là-bas. »