Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 5.djvu/477

Cette page n’a pas encore été corrigée


Dans ces catacombes des âges,
En un volume reliés,
Quand je vois dans deux ou trois pages
Tenir cent peuples oubliés ;

Quand je vois ces feuilles lancées
Aux vents par le temps ennemi,
Cette poussière de pensées
Que le ver broie à la fourmi ;

Quand je vois ces lettres, qu’efface
Aux regards le texte incertain,
S’évanouir comme la trace
Du voyageur dans un lointain ;

Je dis dans mon orgueil qui doute
Sur tant d’orgueil enseveli :
« Quoi ! je serai donc une goutte
De ce grand océan d’oubli ?

« Le comble de mes destinées
Sera qu’à mille ans parvenu,
Des langues qui ne sont pas nées
Épellent mon nom inconnu ;

« Que dans un coin de sa mémoire
Un œil curieux du néant
Range ma poussière de gloire,
Jeu d’osselets du fainéant ;