Alors on voit l’enfant, renversé sur ta hanche,
Effeuiller le bouton que ta mamelle penche,
Comme un agneau qui joue avec le flot qu’il boit ;
L’adolescent, qu’un geste à tes genoux rappelle,
Suivre de la pensée au livre qu’il épelle
La sagesse enfantine écrite sous ton doigt ;
L’orphelin se cacher dans les plis de ta robe,
L’indigent savourer le regard qu’il dérobe,
Le vieillard à tes pieds s’asseoir à ton soleil ;
Le mourant, dans son lit retourné sans secousse
Sur ce bras de la femme où la mort même est douce,
S’endormir dans ce sein qu’il pressait au réveil !
Amour et charité, même nom dont on nomme
La pitié du Très-Haut et l’extase de l’homme !
Oui, tu les as compris, peintre aux langues de feu !
La beauté sous ta main, par un double mystère,
Unit ces deux amours du ciel et de la terre.
Ah ! gardons l’un pour l’homme, et brûlons l’autre à Dieu !
Paris, 10 décembre 1838.