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C’est vivre en Dieu, c’est vivre avec l’immense vie
Qu’avec l’être et les temps sa vertu multiplie,
Rayonnement lointain de sa divinité ;
C’est tout porter en soi comme l’Ame suprême,
Qui sent dans ce qui vit et vit dans ce qu’elle aime ;
Et d’un seul point du temps c’est se fondre soi-même
Dans l’universelle unité !

Ainsi quand le navire aux épaisses murailles,
Qui porte un peuple entier bercé dans ses entrailles.
Sillonne au point du jour l’Océan sans chemin,
L’astronome chargé d’orienter la voile
Monte au sommet des mâts où palpite la toile.
Et, promenant ses yeux de la vague à l’étoile.
Se dit : « Nous serons là demain ! »

Puis, quand il a tracé sa route sur la dune
Et de ses compagnons présagé la fortune,
Voyant dans sa pensée un rivage surgir,
Il descend sur le pont où l’équipage roule,
Met la main au cordage et lutte avec la houle.
Il faut se séparer, pour penser, de la foule,
Et s’y confondre pour agir !


Saint-Point, 21 et 22 août 1837.