Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 5.djvu/437

Cette page n’a pas encore été corrigée


Aimons-nous ! notre beau soir tombe ;
Le premier des deux endormi
Qui se couchera dans la tombe
Laissera l’autre sans ami.

O Naples, sur ton cher rivage,
Lui, déjà ses yeux se sont clos :
Comme au lendemain d’un voyage,
Il a sa couche au bord des flots !

Son âme, harmonieux cantique,
Son âme, où les anges chantaient,
De sa tombe entend la musique
De ces mers qui nous enchantaient.

Comme un cygne à la plume noire,
Sa pensée aspirait au ciel,
Soit qu’enfant le sort l’eût fait boire
Quelque goutte amère de fiel ;

Soit que d’infini trop avide,
Trop impatient du trépas,
Toute coupe lui parût vide
Tant que Dieu ne l’emplissait pas.

Il était né dans des jours sombres,
Dans une vallée au couchant,
Où la montagne aux grandes ombres
Verse la nuit en se penchant.