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Suant sa malédiction,
Et l’Arabe, en sa main grossière
Ramassant un peu de poussière,
Se disait : « C’est donc là Sion !… »

Des fondements de l’ancien temple
Un nouveau temple était sorti,
Que sous sa coupole plus ample
Un troisième avait englouti.
Trois dieux avaient vieilli ; leur culte,
S’écroulant sur ce sol inculte.
S’était renouvelé trois fois,
Comme un tronc qui toujours végète
Brise son écorce et projette
De jeunes rameaux du vieux bois.

Le passereau, sous la muraille
Dont le temps blanchit le granit.
Cherchait en vain le brin de paille
Pour bâtir seulement sou nid :
On ne voyait que des colombes
Voler sur les turbans des tombes,
Et, se cachant sous ses débris,
Quelques âmes contemplatives
Sortir leurs figures craintives
Par les l’entes de leurs abris.

Sous les pas cette solitude
N’avait que des bruits creux et sourds ;
Le désert avait l’attitude
Qu’il aura le dernier des jours.