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s.

Quel crime n’eût lavé cette larme sonore
Qui tomba sur la lyre et qui résonne encore ?
Tes pieds divins, Seigneur, en gardent la senteur :
Tu défendis aux vents d’en sécher nos visages,
Et tu dis aux vivants : « Roulez-la dans les âges !
Humectez tous vos yeux, mouillez toutes vos pages
Des larmes de mon serviteur ! »

Et la terre entendit l’ordre de Jéhova,
Et cette eau fut un fleuve où tout cœur se lava.

 
VI

J’ai vu blanchir sur les collines
Les brèches du temple écroulé,
Comme une aire d’aigle en ruines
D’où l’aigle au ciel s’est envolé ;
J’ai vu sa ville devenue
Un blanc monceau de cendre nue
Qui volait sous un vent de feu.
Et le guide des caravanes
Attacher le pied de ses ânes
Sur les traces du pied de Dieu.

Le chameau, las, baissant la tête
Pour s’abriter des deux brûlants.
Dans le royaume du Prophète
N’avait que l’ombre de ses flancs :
Siloé qui le désaltère
N’était qu’une sueur de te