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Cependant le bruit monte et la ville respire :
L’heure sonne, appelant tout un monde au plaisir ;
Dans chaque son confus que ton cœur croit saisir,
C’est le bonheur qui vibre ou l’amour qui respire.
Les chars grondent en bas et font frissonner l’air ;
Comme des dois pressés dans le lit des tempêtes,
Ils passent emportant les heureux à leurs fêtes,
Laissant sous la roue un éclair.

Ceux-là versent au seuil de la scène ravie
Cette foule attirée au vent des passions,
Et qui veut aspirer d’autres sensations
Pour oublier le jour et pour doubler la vie ;
Ceux-là rentrent des champs, sur de pliants aciers
Berçant les maîtres las d’ombrage et de murmure,
Des fleurs sur les coussins, des festons de verdure
Enlacés aux crins des coursiers.

La musique du bal sort des salles sonores,
Sous les pas des danseurs l’air ébranlé frémit,
Dans des milliers de voix le chœur chante ou gémit,
La ville aspire et rend le bruit par tous les pores.
Le long des murs dans l’ombre on entend retentir
Des pas aussi nombreux que des gouttes de pluie,
Pas indécis d’amant, où l’amante s’appuie
Et pèse pour le ralentir.

Le front dans tes deux mains, pensive, tu te penches :
L’imagination te peint de verts coteaux
Tout résonnants du bruit des forets et des eaux,
Où s’éteint un beau soir sur des chaumières blanches ;