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Je l’entends, je l’appelle, et je sais que chaque heure
Avance l’heure fixe où je vais la revoir-,
Et je dis chaque jour au penser qui la pleure :
« A demain ! peut-être à ce soir ! »

Oh ! si de notre amour l’espoir était le rêve !
Si nous ne devions pas retrouver dans les cieux
Ces êtres adorés qu’un ciel jaloux enlève,
Que nous suivons du cœur, que nous cherchons des jeux :
Si je ne devais plus revoir, toucher, entendre,
Elle ! elle qu’en esprit je sens, j’entends, je vois,
A son regard d’amour encore me suspendre.
Frissonner encore à sa voix !

Si les hommes, si Dieu me le disait lui-même ;
Lui, le maître, le Dieu, je ne le croirais pas,
Ou je lui répondrais par l’éternel blasphème,
Seule réponse du trépas !
Oui, périsse et moi-même et tout ce qui respire.
Et ses mondes et lui, lui dans son ciel moqueur,
Plutôt que ce regard, plutôt que ce sourire.
Que cette image dans mon cœur !

Mais toi qui m’as compris, toi dont la voix mortelle
Rend la voix dans mon sein à des échos si chers !
Toi qui me dis son nom, toi qui fais parler d’elle
La langue immortelle des vers !
Que les anges du ciel recueillent ta parole ;
Cette parole aida mes larmes à sortir !
Et que le chant du ciel, dont ta voix me console,
Dans ta vie aille retentir !