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Que Dieu ne resterait caché dans nul mystère ;
Que tout rideau jaloux se fendrait devant toi ;
Que ton Verbe brillait son voile, et que la terre
N’aurait que ton rayon pour foi ?

Nouveaux fils des saintes demeures,
Dieu parle : regardez le signe de sa main !
Des pas, encor des pas pour avancer ses heures !
Le siècle a fait vers vous la moitié du chemin.
Comprenez le prodige, imitez cet exemple ;
Déchirez ces lambeaux des voiles du saint lieu !
Laissez entrer le jour dans cette nuit du temple !
Plus il fait clair, mieux on voit Dieu !

Voyez se presser à la porte
Cette foule en rumeur d’adorateurs sans voix
Qui court après ses dieux que la raison emporte,
Comme autrefois Laban après ses dieux de bois !
Ne tirez plus les siens de l’arche des symboles,
Mais dites-lui qu’aux sens le temps les a repris,
Que tous ces dieux de chair n’étaient que des idoles,
Et d’aller au Dieu des esprits !

Hâtez cette heure fortunée,
Où tout ce qui languit de la soif d’adorer,
Sous l’arche du Très-Haut, d’astres illuminée.
Pour aimer et bénir viendra se rencontrer !
Que le mystère entier s’éclaire et se consomme !
Le Verbe où s’incarna l’antique vérité
Se transfigure encor ; le Verbe s’est fait homme,
Le Verbe est fait humanité !