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Toi pourtant, qui dans ta poitrine
Oses prendre et porter l’aigle des vieilles lois,
Comme Paul à Tarsys prit l’œuf de la doctrine
Et le portait éclore au soleil d’autrefois,
Ses ailes d’aujourd’hui les as-tu regardées ?
Sais-tu si deux mille ans l’oiseau n’a pas grandi ?
Sais-tu quelle heure il est au cadran des idées ?
Et si l’aurore est le midi ?…

Si l’oiseau retourne à son aire ?
Si l’œuf des vérités qu’il ne peut contenir
N’est pas éclos plus loin et n’a pas changé l’ère
D’où son jour plus parfait datera l’avenir ?
Sais-tu quel vol nouveau son œil divin mesure ?
De quel nuage il veut s’abattre, et sur quels bords ?
Et jusqu’au soir des temps pour qu’il se transfigure,
Combien il lui faut de Thabors ?…

Quand le Fils de l’Homme au Calvaire,
Premier témoin de Dieu, sur sa croix expira,
Le rideau ténébreux du sombre sanctuaire
Dans le temple ébranlé du coup se déchira ;
Le jour entra tout pur dans l’ombre des symboles,
Les fantômes sacrés d’Oreb et de Sina
Polirent aux éclairs des nouvelles paroles.
Et le passé s’illumina !

O Christ, n’était-ce pas ton signe ?
N’était-ce pas pour dire à l’antique maison
Que de voiler le jour nulle arche n’était digne ;
Qu’une aube se levait sans ombre à l’horizon ;