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Ton cœur vide de soins se remplira des nôtres ;
Ton manteau, si j’ai froid, l’hiver sera le mien,
Et, pour prendre et porter tous les fardeaux des autres,
Ton bras déposera le tien !

Comme le jardinier mystique
Qui suivait d’Emmaüs, en rêvant, le chemin,
Et, relevant les fleurs au soleil symbolique,
Marchait en émondant les tiges de la main,
Tu prendras dans chaque âme et dans chaque pensée
Ce qui la fane aux bords ou la ronge au milieu,
Ce qui l’incline à terre ou la tient affaissée,
Et tu lèveras tout à Dieu !

Cependant trois enfants sans mère
Te suivront du regard et du pied aux autels,
Et se diront entre eux : « Ce saint fut notre père,
Quand il portait son nom d’homme chez les mortels.
Et les peuples émus penseront en eux-même,
Voyant leurs bras pendus à tes robes de lins,
De l’amour du Seigneur combien il faut qu’on aime,
Pour laisser ses fils orphelins !

C’est ainsi que Sion contemple
Le cèdre du Liban, taillé pour le saint lieu,
Oui soutient la charpente et parfume le temple,
Incorruptible appui de la maison de Dieu ;
Tandis que les rejets de ses propres racines
Reverdissent aux lieux qu’il ombrageait avant,
Et, se multipliant sur les rudes collines,
Souffrent le soleil et le vent.