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Tu ne boiras plus de notre onde,
Tu ne tremperas plus tes lèvres ni tes mains
A ces courants troublés où les ruisseaux du monde
Versent tant d’amertume ou d’ivresse aux humains ;
L’âme du prêtre en vain à notre air exposée
Est la peau de brebis qu’étendait Gédéon :
On trouvait le matin sèche de la rosée
La miraculeuse toison !

 Dieu seul remplira ton calice
Des pleurs tombés d’en haut pour laver le péché,
De la sueur de sang, et du fiel du supplice,
Et de l’eau de i’égout par l’éponge séché.
Comme ces purs enfants qu’à l’autel on élève
Laissent tondre leurs fronts jusqu’au dernier cheveu,
Tu couperas du fer les rejets de ta sève
Pour jeter ta couronne à Dieu !

Tu détacheras de nos voies
Tes pieds nus qui suivront leurs sentiers à l’écart ;
Dans nos courtes douleurs, dans nos trompeuses joies.
De notre pain du jour tu laisseras ta part ;
Tu ne combattras plus sous l’aube et sous i’étole ;
C’est la paix du Seigneur que ta main doit tenir ;
Tu n’élèveras plus en glaive de parole
La voix qui ne doit que bénir !

Tu chercheras, le long du fleuve,
Les rencontres du Christ ou du Samaritain ;
L’infirme, le lépreux, l’orphelin et la veuve
Viendront sous ton figuier s’asseoir dès le matin ;