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Dites quels amoureux messages
Ou de tristesse ou de douceur,
Du désert et des saints rivages
Vous apportiez à cette sœur !

Dites quelles saintes pensées
Sous l’arbre de la Passion,
Dites quelles larmes versées
Sur la poussière de Sion,

Vous remportiez sur les racines
Du jardin des saintes douleurs,
Et vous versiez dans les piscines
Où Jésus répandit ses pleurs.

Ces colombes un jour aux rives immortelles
Emmenèrent d’ici cette sœur avec elles,
Pour goûter, ô Seigneur, combien ton ciel est doux’.
Elle alla se poser sur les rosiers mystiques
Que le Siloé baigne au jardin des cantiques,
Et ne revint plus parmi nous !

Elle n’est plus ! Le jour a pâli de sa perte !
Où son cœur comblait tout, que la place est déserte !
Berceau de ses enfants, maison de son époux.
Seuils des temples sacrés où pliaient ses genoux.
Prisons dont sa clef d’or écartait les verrous,
Porte des malheureux par son aumône ouverte,
Comment vous consolerez-vous ?
Et nous, cœurs ténébreux dont la lampe est couverte,
Nous ses amis, que ferons-nous ?