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Non pas pour se nourrir du pain qu’il a levé,
Mais pour faire choisir parmi la graine amère
A ces petits enfants, dont elle était la mère,
Quelques tiges de sénevé !

Ce grain qu’elle cherchait comme la poule gratte
Le froment ou le mil sur une terre ingrate,
C’était, Seigneur, c’était les lettres de ta loi ;
C’était le sens caché dans les mots du saint livre,
Dont le silence parle et dont l’esprit fait vivre
Ceux qui se nourrissent de foi !

Au bruit du monde qui l’admire
Et se pressait pour l’escorter,
Comme l’onde autour du navire
Pour l’engloutir ou le porter ;
Aux nœuds d’une gloire importune
Qui l’enchaînait à sa fortune,
Elle, éprise d’autre trésor ;
A l’œil de l’amitié ravie,
Qui regardait luire sa vie
Humble dans un chandelier d’or ;

Aux roulis inconstants de l’onde,
Où le souffle orageux des airs
L’agitait sur la mer du monde
A la lueur de nos éclairs ;
A ces foudres, à ces naufrages
Qui jettent sur tous nos rivages