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Elle était née un jour de largesse et de fête,
D’une femme immortelle au verbe de prophète ;
Le génie et l’amour la conçurent d’un vœu !
On sentait, à l’élan que retenait la règle.
Que sa mère l’avait couvée au nid de l’aigle,
Sous une poitrine de feu.

Les palpitations de l’âme maternelle
Au delà du tombeau se ressentaient en elle ;
Elle aimait les hauts lieux et le libre horizon ;
Un élan naturel l’emportait vers les cimes
Où la création donne aux âmes sublimes
Les vertiges de la raison.

Dès qu’un seul mot rompait le sceau de ses pensées.
On les voyait monter, vers le ciel élancées,
Jusqu’où monte au Très-Haut la contemplation ;
Son œil avait l’éclair du feu sur une armure,
Et le son de sa voix vibrait comme un murmure
Des grandes harpes de Sion.

Elle montait ainsi jusqu’où l’on perd de vue
L’âme contemplative à son Dieu confondue,
Perçant avec la foi les voiles de la mort ;
Et revenait, semblable à l’oiseau du déluge,
Rapporter un rameau de paix et de refuge
Aux faibles qui doutaient du bord !

L’amour qui l’enlevait la ramenait au monde,
Non pas pour s’abreuver comme nous de son onde,