Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 5.djvu/287

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Parmi ces amitiés, ne faut-il pas compter au premier rang celle qu’il contracta avec le brave général Gazan, dont vous voyez les larmes tomber sur trois cendres à la fois devant vous, qu’il avait choisi, avec l’admirable prévoyance de son cœur, pour l’époux de sa fille adoptive, et qui lui rendit en sentiment filial ce qu’il lui avait donné en bonheur dans une épouse justement adorée ?

Enfin, vous tous qui attestez, par votre concours ici, l’attachement qui vous unit à sa mémoire, est-il un seul d’entre vous qui ne se dise dans son cœur : « Un des meilleurs d’entre nous nous a quittés ? »

Quant à moi, qu’une amitié plus intime et plus privée encore unissait, depuis vingt ans, à ce frère de mon cœur et de mon choix, je puis dire que j’enferme avec lui, dans ce sépulcre, une part des meilleurs jours de mon passé, de mes plus sublimes conversations ici-bas, et de nos plus chères espérances de réunion dans le sein de ce Dieu qui a créé l’amitié pour faire supporter la terre, et qui a créé la mort pour faire regarder au delà du tombeau !