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De peur qu’un faible cœur, de doute confondu,
Ne dise en contemplant ces affronts sur ma joue :
« Laissons aller le monde à son courant de boue, »
Et que faute d’un cœur, un siècle soit perdu !

Oui, brise, ô Phidias !… Dérobe ce visage
À la postérité, qui ballotte une image
De l’Olympe à l’égout, de la gloire à l’oubli ;
Au pilori du temps n’expose pas mon ombre !
Je suis las des soleils, laisse mon urne à l’ombre !
Le bonheur de la mort, c’est d’être enseveli.

Que la feuille d’hiver au vent des nuits semée,
Que du coteau natal l’argile encore aimée
Couvrent vite mon front moulé sous son linceul,
Je ne veux de vos bruits qu’un souffle dans la brise,
Un nom inachevé dans un cœur qui se brise !
J’ai vécu pour la foule, et je veux dormir seul.