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FIOR D’ALIZA.

Ils t’ont prié pendant leur courte vie,
Ils ont souri quand tu les as frappés !
Ils ont crié : «Que ta main soit bénie ! »
Dieu, tout espoir, les aurais-tu trompés ?

Et cependant pourquoi ce long silence ?
Nous auraient-ils oubliés sans retour ?
N’aiment-ils plus ? Ah ! ce doute t’offense !
Et toi, mon Dieu, n’es-tu pas tout amour ?

Mais s’ils parlaient à l’ami qui les pleure,
S’ils nous disaient comment ils sont heureux
De tes desseins nous devancerions l’heure ;
Avant ton jour nous volerions vers eux.

Où vivent-ils ? Quel astre à leur paupière
Répand un jour plus durable et plus doux ?
Vont-ils peupler ces îles de lumière ?
Ou planent-ils entre le ciel et nous ?

Sont-ils noyés dans l’éternelle flamme ?
Ont-ils perdu ces doux noms d’ici-bas,
Ces noms de sœur ; et d’amante, et de femme ?
À ces appels ne répondront-ils pas ?

Non, non, mon Dieu ! si la céleste gloire
Leur eût ravi tout souvenir humain,
Tu nous aurais enlevé leur mémoire :
Nos pleurs sur eux couleraient-ils en vain ?