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FIOR D’ALIZA.

de Monza, avec lequel j’entretins depuis une amitié qui ne s’éteignit qu’a sa mort.

De là, je me rendis à Lucques par une route entrecoupée de riants villages où les pampres déjà jaunissants, suspendus en guirlandes, semaient les bords des fossés de feuilles de vigne et d’oliviers.

Je ne fis que traverser la ville, et je descendis à Saltochio, superbe villa antique qu’habitait le marquis de La Maisonfort, de l’autre côté de la plaine, sur la route des bains. J’y pris possession d’un appartement que voulut bien m’offrir le ministre de France. Nous y fîmes ensemble plus de poésie que de diplomatie. La sérénité de ce beau ciel au commencement de l’automne m’inspira, ces mélancolies qui se répandent sur le bonheur même, comme le clair de lune de ces climats sur la nuit d’un beau jour.

En voici une que j’écrivis dès les premiers jours de mon arrivée à Saltochio ; je la donne ici avec le commentaire qu’on retrouve dans mes œuvres complètes :

PENSÉE DES MORTS

Voila les feuilles sans sève
Qui tombent sur le gazon :
Voilà le vent qui s’élève
Et gémit dans le vallon ;
Voilà l’errante hirondelle
Qui rase du bout de l’aile