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CHAPITRE DEUXIÈME.

de Parme, elle reconnut en moi un ami de la maison des Bourbons, et elle me conduisit elle-même dans les chambres hautes de son palais pour m’y faire voir, avec une visible indifférence, les reliques de sa grandeur impériale données par la ville de Paris à l’époque de son mariage et de ses couches. Ces monuments de sa dignité forcée, couverts de la poussière du temps, lui rappelaient évidemment des années de splendeur qu’elle eût voulu effacer de sa vie. Je la quittai pour la revoir depuis, tous les ans, avec une impression très-douce et très-admirative qui ne pouvait que s’accroître en la voyant familièrement. C’était une femme pleine de grâce, de simplicité et d’agréments. Parme était heureuse sous cette princesse qui cherchait a consoler ce petit peuple, par son gouvernement, des splendeurs dont elle avait joui et dont elle était déchue en trois ans, d’un règne qui n’avait été qu’un grand orage.

XLIX

Je m’arrêtai à Pise pendant quelques jours pour y admirer les beautés de la cathédrale et du Campo Santo, ce monument de marbre du XIIIe siècle, et les quais magnifiques et solitaires, témoins aujourd’hui muets d’une grandeur évanouie. J’y fis connaissance avec un ami de madame de Staël, l’aimable professeur Rossini, auteur de la Monaca