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FIOR D’ALIZA.

vent invité plus tard et j’y dînai dans la salle magnifique où la célèbre Vénitienne Bianca Capello, devenue grande duchesse par l’amour, expia par le poison son bonheur et celui de son époux.

XLVIII

Le marquis de La Maisonfort m’avait invité à venir à Lucques, où il voulait me présenter au duc de Lucques, fils de la reine d’Étrurie, que Napoléon avait mise sur le trône de Toscane, puis détrônée et reléguée à Lucques. La Restauration y avait rétabli son fils, en attendant le duché de Parme, après Marie-Louise, veuve de Napoléon vivant relégué à Sainte-Hélène.

La duchesse de Parme, Marie-Louise, que j’avais vue en passant à Parme, m’avait paru charmante et bien éloignée de l’affreuse image que les libéraux été les bonapartismes français avaient fait d’elle à Paris. Sa figure aussi douce qu’intelligente, ses yeux bleus, ses cheveux blonds, sa taille souple, sa physionomie heureuse sous un voile de mélancolie paisible, plaisaient aux regards impartiaux. Le comte de Neiperg, grand-maître de sa maison et son premier ministre, qu’elle passait pour aimer en secret depuis son retour à Vienne (1814), avait vis-à-vis d’elle la déférence respectueuse qui convenait à sa situation officielle.

Après avoir dîné deux jours à sa table, dans son palais