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CHAPITRE DEUXIÈME.

XLV

J’en trouvai en ce temps-là une autre à Florence dans la présence inattendue de la comtesse Léna, qui était venue passer quelques mois chez son frère, en Toscane, et visiter ses anciens amis. Un long silence l’avait éloignée de moi depuis mon mariage. Elle pensait pouvoir renouer un attachement, passionné d’une part, mais combattu de l’autre. C’était la plus belle et la plus gracieuse des femmes qui m’eût jamais apparu dans ma vie. (Voir sous le nom de Régina le deuxième volume des Confidences.) Telle elle était encore ; telle elle fut jusqu’au dernier jour de sa vie, à l’heure ou le choléra l’emporta, en 1851, dans sa retraite des environs de Venise où elle s’était réfugiée. Connaissant mes revers après la révolution de 1848, elle m’écrivit pour m’offrir un asile dans le séjour solitaire que sa fidèle amitié me gardait. J’avais des devoirs rigoureux à remplir avant de penser à un repos délicieux, mais coupable. J’étais parti pour Constantinople et Smyrne quand cette invitation m’arriva. Je lui répondis pour la remercier et pour ajourner l’acceptation de son offre. Elle était morte quand ma réponse parvint à son sépulcre.

Elle prit un appartement à Florence, où nous passâmes quelques mois ensemble dans une intimité douce, mais