Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 41.djvu/50

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
49
CHAPITRE PREMIER.

la terre qui s’élèvent mieux sous les rayons du soleil que sous les frimas des mauvais climats, semblaient me promettre une félicité calme dont je remerciais ma destinée, lorsqu’un événement étrange et inattendu vint changer du jour au lendemain cet agréable état de mon âme en une sorte de prescription sociale qui se déclara soudainement contre moi, et qui me fit craindre un moment de voir ma carrière diplomatique coupée et abrégée au moins en Italie, ce pays du monde dont j’aimais le plus à me faire une patrie d’adoption.

Voici cette bizarre et malheureuse péripétie de mon bonheur.

XXXIII

Peu de temps avant mon départ de France pour mon poste à Florence, le plus grand, selon moi, de tous les poëtes modernes, était mort en Grèce, tout jeune encore et dans le seul acte généreux, désintéressé, héroïque, qu’il eût tenté jusque-la pour racheter par la vertu les excentricités et les juvénilités peu sensées et peu louables de sa vie. Je veux parler de lord Byron, ce proscrit volontaire de sa famille et de sa patrie, qui avait eu le courage, comme le Renaud du Tasse, de quitter mieux qu’Armide, pour voler aux secours d’une ombre de peuple par amour pour l’humanité et pour ce que nous appelions alors la gloire.