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CHAPITRE PREMIER.

XXIX

La véritable maladie dont Alfieri mourut à quarante ans était l’ennui qu’il éprouvait lui-même de ses propres œuvres ; aussi se réfugiait-il dans l’étude du grec et dans des poésies systématiques, épigrammatiques, civiques, démocratiques, aristocratiques, qui fatiguaient l’esprit sans nourrir le cœur. Ses Mémoires seuls, cet étrange et amoureux monument de son amour pour la comtesse d’Albani, méritent d’être recueillis et de survivre. Il y a dans ces Mémoires autant d’originalité que de grandeur et de passion ; là, son caractère savait véritablement participer de la majesté de sa royale idole..

Il mourut chez la comtesse d’Albani, qui fit élever par Canova, dans l’église de Santa Croce, un magnifique monument avec la statue colossale de l’Italie pleurant son poëte. Ce monument est comme l’homme, plus déclamatoire qu’éloquent ; c’est le mausolée académique d’une poésie de convention. Le grand peintre français Fabre, de Montpellier, ami de la comtesse d’Albani, fut son consolateur, et, l’on croit, son troisième mari. C’était un Poussin moderne tout à fait italianisé par son talent et par son culte pour Raphaël, dont il recherchait les moindres ves-