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CHAPITRE PREMIER.

XXVII

Je ne tardai pas à porter mes respects à une majesté découronnée que j’avais visitée a mon premier voyage. Le souvenir de son second époux, le poëte Alfieri, l’illustrait davantage encore que le premier, à mes yeux. C’était la comtesse d’Albani, reine légataire de l’Angleterre par son mariage avec le dernier des Stuarts. La comtesse d’Albani, belle autrefois, et toujours aimable, était une fille de la grande maison flamande des Stolberg, sœur de ces frères Stolberg, célèbres dans la philosophie et dans la littérature allemande du dernier siècle. Le cardinal d’York, frère du Prétendant, autrefois héroïque, Charles-Édouard, et réfugié à Rome, avait fait venir la jeune comtesse en Italie pour lui faire épouser son frère déjà âgé et déchu de son caractère par un vice excusable dans un héros découragé : l’ivresse, mère de l’oubli. Le prince avait été séduit par la jeunesse, la beauté et les grâces intellectuelles de sa compagne ; il l’avait aimée, mais il n’avait pu conserver son estime, encore moins son amour. Le poëte aristocrate piémontais Alfieri, présenté à Florence à la cour du prince, n’avait pas tardé à plaindre la jeune victime d’un époux suranné, et à ambitionner le rôle de favori et de consolateur d’une reine. Il était parvenu sans peine à tourner, en