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FIOR D’ALIZA.

avaient horreur de s’approcher de lui. Les sbires de Lucques, dont il passait pour avoir tué le chef par trahison, l’avaient recommandé aux sbires des galériens comme un monstre de méchanceté. De sorte que ses compagnons, par flatterie pour les gardiens, affrétaient la répugnance et l’horreur pour lui, afin de se faire bien venir d’eux.

CCXXI

Les samedis de tous les mois, j’allais, comme je l’avais promis à mon père et à ma tante, au châtaignier leur porter des nouvelles de leur enfant, et lui rapporter des châtaignes, et leur porter à eux la nourriture et les petites gouttes de rosolio que j’avais gagnées pour Hyeronimo et pour eux, et je revenais la nuit, sans peur et sans honte, à Livourne, passer la journée dans la cour, auprès de la loge de mon sposo, l’écoutant gémir de la fièvre, et veillant quand il dormait.

Que de mois, monsieur, nous pasâtmes ainsi : lui, toujours plus languissant, moi, toujours vaillante ! Un soir, cependant, le chagrin me saisit tellement dans la nuit, que les douleurs me prirent. La concierge du couvent alla chercher la sage-femme ; mais, quand elle arriva, j’avais déjà un bel enfant sur mon sein. Le même soir je me levai et je le portai embrasser à son père. Huit jours après,