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FIOR D’ALIZA.

Il était nuit quand j’arrivai à la ville, je me glissai à travers la porte à la faveur d’un groupe de familles connues des gardes de la douane qui rentraient, avant les portes fermées, dans la ville, sans être vue au visage, ni fouillée, ni interrogée ; j’en rendis grâce à la Madone dont la statue dans une niche, sous la voûte de la porte, était éclairée par une petite lampe.

Je demandai un peu plus loin l’adresse de la supérieure des religieuses qui soignaient les galériens. On me prit pour la sœur d’un galérien et on me l’indiqua avec bonté. Je sonnai : la sœur portière ne voulait pas m’ouvrir si tard ; mais, à la vue de mon visage innocent, qu’elle entrevit et travers mon mezaro, quand je fus obligée de l’écarter pour chercher la lettre de la duchesse, elle me fit entrer et porta la lettre à sa supérieure.

CCLXVII

La supérieure était une femme âgée et sévère, qui, après avoir lu la lettre, descendit au parloir pour me voir et m’interroger. Quand elle m’eut regardée un moment et interrogée sur mon état de grossesse, qui rendait ma présence au couvent suspecte et inconvenante, sa figure se rembrunit : Non, dit-elle, mon enfant, la duchesse n’y a pas pensé ! Nous ne pouvons vous recevoir dans une sainte maison