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CHAPITRE IX.

recevoir les condamnés de Lucques dans les galères de Livourne.

Le père Hilario nous informait toutes les semaines, en remontant au monastère, de toutes ces circonstances. Que de grâces nous rendîmes à la Providence, quand il nous apprit la commutation de peine !

— Celui-là que je portais dans mon sein, s’écria-t-elle en étendant sa belle main gauche sur le berceau, allait donc avoir un père !

Elle ramena le coin de son tablier sur ses yeux pour les essuyer, et elle se fut.

— Hélas ! oui, me dit la tante ; elle était enceinte, la pauvre enfant, enceinte d’une nuit de larmes.

Ils se turent tous, et Fior d’Aliza, sans rabaisser son tablier, se leva de table, et alla derrière la porte donner le sein à son enfant.

CCLXIV

— Et maintenant, monsieur, reprit la tante en filant sa quenouille, je vais vous dire comment cela se passa, grâce à la Providence et à la bonne duchesse. Elle ne se doutait pas que Fior d’Aliza portait dans son sein un gage d’amour et d’agonie, mais l’amour est plus fort que la mort, écrit le livre qui est là sur la fenêtre, dit-elle en montrant l’Imitation de Jésus-Christ ; elle savait seulement par l’évêque