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FIOR D’ALIZA.

À retrouver sous le pont du Cerchio, me dit-il tout bas, en se laissant glisser de la fenêtre dans l’égout du jardin.

— À retrouver dans le paradis, me dis-je en moi-même, sans regretter seulement la vie.

CCLVIII


Rentrée par le corridor de la chapelle dans le cachot, je me hâtai de quitter ma veste d’homme et de me revêtir sur ma chemise seule de l’habit de pénitent noir, dont le capuchon rabattu sur mon visage me dérobait à tous les regards.

Je revins ensuite à la chapelle, je rétablis vite le barreau de la fenêtre à sa place, pour qu’on ne s’aperçût pas qu’il avait été déplacé ; puis je me mis à genoux la tête entre mes mains devant l’autel, comme un mourant qui a passé la nuit dans les larmes en pensant à ses péchés.

Hélas ! je ne pensais qu’à la nuit de larmes que je venais de finir avec Hyeronimo, et à peine à la mort que j’allais subir pour lui et pour le brave bargello, afin que les innocents ne payassent pas pour le coupable. J’entendais déjà derrière moi la foule des pénitents noirs et blancs et les frères de la Sainte-Mort qui se pressaient derrière la grille de la chapelle, et qui murmuraient a demi-voix les prières des agonisants.