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FIOR D’ALIZA.

XXV

Deux princesses charmantes, sœurs l’une de l’autre et presque du même âge, embellissaient cette cour et donnaient de la grâce à ses vertus.

L’une était la jeune veuve du précédent grand-duc, mort récemment ; l’autre était la grande-duchesse régnante, qui partageait avec sa sœur les honneurs de ce trône à deux. Princesses de Saxe et sœurs, elles avaient apporté de ce pays lettré, dans cette terre des beaux-arts, l’instruction et le goût de tout ce qui est l’idéal des grands esprits et des cœurs enthousiastes. Elles me reçurent comme Éléonore d’Este et même comme cette Lucrezia Borgía, tant et si odieusement calomniée, recevaient jadis l’Arioste et le Tasse dans ces cours de Ferrare et de Mantoue, qui n’étaient que des académies de tous les grands artistes de l’esprit.

Le grand-duc me témoigna une considération précoce et imméritée, qui ne tarda pas à se changer, sous les rapports politiques, en véritable amitié. La crainte de contrister le marquis de La Maisonfort, qui ne jouissait pas auprès de lui de la même prédilection, lui fit voiler discrètement, à lui, ses bontés pour moi, et moi, ma respectueuse affection pour lui. J’en jouissais à la dérobée, le matin, dans sa biblio-