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CHAPITRE IX.

tîmes à l’heure que nous avait indiquée le père Hilario, nous la vîmes qui s’éloignait de lui en courant, pour remonter dans sa chambre avant notre sortie de la geôle. Le bargello et sa femme ne s’étonnèrent pas de voir nos yeux rouges, eux qui sont habitués a entendre les sanglots du cœur dans leur puits, comme nous autres à entendre le sanglotement de l’eau dans les sources.

CCXLVII

La tante se tut.

— À toi maintenant, dit-elle à Fior d’Aliza ; il n’y a que toi qui saches ce que tu pensais pendant que nous nous reconsolions en causant ainsi, peut-être pour la dernière fois, avec notre pauvre Hyeronimo.

Voyons, parle au monsieur avec confiance ; c’est ton tour maintenant d’ouvrir ton cœur, maintenant que le jour du bonheur est proche, et de le vider de tout ce qu’il contenait de rêves et de larmes, pour n’y laisser place qu’au bonheur et à la reconnaissance que tu vas goûter pendant le reste de ta vie.

— Oh ! oui, raconte-nous cela toi-même, dit l’aveugle enjoignant ses deux mains sur la table ; je me le ferais bien raconter tous les soirs de ma vie sans me rassasier jamais des miséricordes du bon Dieu pour nous.

— Eh bien ! dit Fior d’Aliza, je vais obéir a mon père