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FIOR D’ALIZA.

CCXXIII

Alors je lui montrai la lime de la sposa du galérien cachée entre ma veste et ma chemise ; je lui indiquai du doigt la petite porte basse encore fermée, qui menait du fond de son cachot dans le couloir de la chapelle.

— C’est par là, lui dis-je, le visage tout rayonnant d’assurance (car l’amour ne doute de rien), et c’est par là qu’ils croient te mener à la mort, et c’est par la que je te mènerai à la vie.

Je n’en dis pas plus ce jour-là sur les moyens que je rêvais pour sa délivrance ; il me pressa en vain de lui tout expliquer.

— Non, non, ne me le demande pas encore, répondis-je, car si tu savais tout d’avance, tu refuserais peut-être encore ton salut de mes mains, ou bien tu pourrais le laisser échapper dans l’oreille des prêtres qui vont venir pour te résigner peu à peu à ton supplice. Il vaut mieux te mettre la clef en main sans savoir comment on la forge ; c’est à toi de te fier à moi, et c’est à moi d’être ton père et ta mère, puisque je les remplace seule ici.

Oh ! me dit-il en me serrant les mains et en les élevant dans les siennes vers la voûte du cachot, je le veux bien ; tu es mon père et ma mère sous la figure de ma