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FIOR D’ALIZA.

hélas ! l’enfant dépérissait sur ce sein de neige : on n’achète pas la vie, Dieu la donne et la retire.

XXII

Je résolus de profiter de ce loisir diplomatique, en attendant une nouvelle destination, pour visiter l’Angleterre et pour faire connaissance avec la famille de ma femme. Ma belle-mère possédait, dans un des plus riches quartiers de Londres, une maison élégante et magnifiquement meublée, dans le voisinage de Hyde-Park. Nous nous y établîmes pour quelques mois. Je trouvai dans la famille de ma femme un accueil plein de noblesse et de grâce, qui n’a pas cessé jusqu’à ce jour de me faire deux patries et deux centres d’affection. L’Angleterre, pays de la famille par excellence, est aussi le pays de l’adoption. Le cœur reconnaissant s’y partage entre les sentiments innés et les sentiments acquis.

Après avoir joui quelque temps de l’intimité de cette aimable partie de ma nouvelle famille, nous louâmes, au bord de la Tamise, à Richmond, une villa recueillie et solitaire, entre le parc et le fleuve, pour y passer l’été. Ces jours de Richmond, entre l’étude, les livres, le cheval, les promenades et quelques excursions dans les forêts et dans les châteaux royaux d’Angleterre, furent des plus heureux