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FIOR D’ALIZA.

un triste héritage à recueillir. Mieux vaut la paix du ciel, où nous nous retrouverons tous, consolés, les uns d’être morts, les autres d’avoir vécu !

XX

Les nouvelles circonstances politiques où se trouvait le royaume de Naples après le retour du roi ne permettant guère au ministère français d’y employer avec convenance les mêmes agents qui avaient eu à traiter avec la révolution, je reçus un congé indéfini pour rentrer en France. J’en profitai au printemps, et je revins lentement à petites journées par cette belle route de Terni et de Narni, toute ondoyante de forêts et toute ruisselante de cascatelles, qui conduit en Étrurie, comme dans un jardin du monde planté, taillé et arrosé pour le peuple-roi.

Nous nous arrêtâmes quelques jours à Florence. Le prince de Carignan, devenu depuis le roi Charles-Albert, repentant de son apparente complicité dans la révolution militaire de Turin, était venu y cacher sa faute chez son beau-frère, le grand-duc de Toscane, dans une retraite du palais Pitti ; son écuyer, Sylvain de Costa, un de mes amis les plus intimes et les plus loyaux, me découvrit dans mon hôtel, annonça à son prince mon arrivée, et revint de sa part me demander une entrevue secrète chez moi.