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FIOR D’ALIZA.

CXCI

Tout le monde servi, monsieur, je m’avançai toute tremblante et toute pleurant d’avance, ma cruche à la main, vers la dernière loge du cloître, au fond de la cour, où, selon le bargello, habitait le meurtrier.

Un pilier du cloître cachait la lucarne de cette dernière loge du fond de la cour aux autres prisonniers, en sorte qu’il y faisait sombre comme dans une caverne.

Je m’en réjouissais, ma tante, et je rabattais tant que je pouvais les larges bords de mon chapeau calabrais sur mes yeux, pour que l’ombre étendue du chapeau empêchât aussi le pauvre meurtrier, surpris, de me reconnaître d’un premier regard et de jeter un premier cri qui nous aurait trahis aux autres prisonniers du cloître.

CXCII

J’approchai donc doucement, lentement, comme quelqu’un qui brûle d’arriver et qui cependant craint presque autant de faire un pas en avant qu’en arrière. Mes yeux se voilaient, mes tempes battaient, des gouttes de sueur froide