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FIOR D’ALIZA.

pour ouvrir ou fermer les portes des malfaiteurs ou des innocents ?

— Oh ! que non, m’écriai-je entrant tout de suite mieux qu’elle dans son idée, je ne crains rien de malhonnête au service d’honnêtes gens, comme vous et le seigneur bargello vous paraissez être tous les deux. Un geôlier, ça n’est pas un bourreau ; c’est une sentinelle qui peut exécuter avec rudesse ou avec compassion la consigne de monseigneur le duc. Je n’aurais pas de répugnance à voir des malheureux, surtout si, sans manquer à mes devoirs, je pouvais les soulager d’une partie de leurs peines. Quand j’étais chez mon père, je n’aimais pas moins mes chèvres et mes brebis, parce que je leur ouvrais la porte de l’étable le matin et que je la refermais sur elles le soir. Disposez donc de moi comme il vous conviendra ; j’obéirai avec fidélité a vos commandements, comme si vous étiez mon père et ma mère.

CLXXIV

— Et les gages ? me dit-elle, toute contente en me voyant consentir à son idée, combien veux-tu d’écus de Lucques par année, outre ton logement, ta nourriture et ton habillement, que nous sommes chargés de te fournir ?

— Oh ! mes gages, dis-je, vous me donnerez ce que vous me jugerez devoir gagner honnêtement, quand vous