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FIOR D’ALIZA.

miracle de me découvrir son cachot. Pour toute réponse, je ramassai l’instrument de musique à terre, et je jouai une seconde fois l’air d’Hyeronimo et de Fior d’Aliza ; mais je le jouai d’un mouvement plus vif, plus pressé, plus joyeux, avec des doigts qui avaient la fièvre et qui communiquaient aux sons le délire de mon contentement d’avoir découvert mon cousin.

CLXX

Quand j’eus fini, je prêtai l’oreille une seconde fois ; mais le jour commençait à glisser du haut de la tour dans la cour obscure ; des bruits de portes de fer et de sourds verrous qui s’ouvraient intimidaient sans doute le prisonnier : il fit résonner seulement, du fond de sa loge grillée, un grand tumulte de chaînes froissées à dessein les unes contre les autres, comme pour me faire comprendre, ne pouvant me le dire : « Je suis Hyeromino, je suis là et j’y suis dans les fers. » La zampogne avait servi d’intelligence entre nous.

Mais, hélas ! ma tante, de quoi me servait-il d’avoir découvert où il était et de lui avoir envoyé, du haut d’une tour, une voix de famille de notre montagne, si je n’avais aucun moyen de l’approcher, de le consoler, de le justifier, de le sauver des sbires ses ennemis, sans doute acharnés à sa mort ?