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CHAPITRE V.

CLXIX

— Quel philosophe, que cette pauvre jeune femme qui ne sait pas lire ! me dis-je tout bas cette fois en moi-même, pour ne pas interrompre l’intéressante histoire.

Fior d’Aliza ne s’aperçut, même pas de ma réflexion : elle était toute à son émotion désespérée pendant la nuit de silence qui lui avait duré un siècle.

— Anéantie par ce silence qui répondait seul à l’air que la zampogne venait de jouer au hasard, pour interroger la profondeur des cachots ou bien pour apprendre à Hyeronimo, s’il était là, que Fior d’Aliza y était aussi, se souvenant de lui dans son malheur, je laissai tomber à terre la zampogne et je glissai moi-même, découragée, au pied de la lucarne, les bras accrochés au barreaux de fer de la fenêtre sans en sentir seulement le froid.

Mais au moment où mes genoux touchaient a terre, monsieur, voilà qu’un lourd bruit de chaînes qu’on remue monte d’en bas jusqu’à la lucarne, et qu’une faible voix, comme celle d’un mineur qui parle aux vivants du fond d’un puits, fait entendre distinctement, quoique bien bas, ces trois mots séparés par de longs intervalles : Fior d’Aliza, seitu ? Est-ce toi, Fior d’Aliza ?

Anges du ciel ! c’était lui ; la zampogne avait fait ce