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CHAPITRE V.

ments sourds et les ohimé contenus de prisonniers qui, se retournant sur leur paille, et qui, cherchant le sommeil comme moi, ne pouvaient trouver que l’insomnie dans leurs remords, dans leurs pensées et dans leurs larmes !

CLXIII

Après avoir écouté un moment et cherché à voir dans la cour du haut en bas, à travers les triples nœuds des grilles entrelacées en guise de serpents qui s’étouffent en s’embrassant, je ne pus rien voir, mais j’entendis de plus en plus les secousses des chaînes rivées aux anneaux de fer, et qu’un prisonnier s’efforce toujours en vain d’arracher du mur.

Une pensée me monta aussitôt au front : Si c’était lui ! Si c’était le pauvre innocent Hyeronimo, que les juges auraient déjà jeté dans la prison de Lucques avant de savoir s’il était coupable ou s’il était seulement courageux pour son père, pour sa tante et pour moi !

Dieu ! que cette image me bouleversa plus encore que je n’avais été bouleversée depuis le coup de feu ! J’en glissai inanimée tout de mon long sur la pierre froide, au pied de la lucarne ; le froid des dalles sur mes mains et sur mon visage me ranima, je me relevai pour écouter encore ; mais l’attention même avec laquelle je cherchais à écouter