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FIOR D’ALIZA.

sur des mules aux pieds agiles, les sentiers escarpés de l’île, en contemplant les feux souterrains du Vésuve briller à l’horizon comme un phare tournant, tantôt visible, tantôt flamboyant sur les bords des mers aux yeux des matelots.

XV

Ainsi se passa l’été. Je ne retrouvais la politique que les jours de la semaine où mes fonctions me ramenaient et l’ambassade. Je prenais une part très-vive et très-confidentielle aux différentes phases et aux différents orages que cette révolution suscitait dans le peuple, dans le parlement et dans le palais. Ce fut là que j’eus l’occasion de voir et d’admirer, suspendue au bras de sa mère, cette ravissante princesse Christine, dans toute la fleur de beauté et d’intelligence, que son sort destinait pour épouse au roi d’Espagne, Ferdinand VII, et qui a su, au milieu des tempêtes, plaire, gouverner, transmettre un trône à sa fille, régner, tomber, ou plutôt se retirer du trône, plus heureuse et plus habile que Christine de Suède, dans le demi-jour d’une existence à l’abri des coups de vent. On distinguait déjà dans sa gracieuse et spirituelle physionomie les signes d’une femme courageuse qui saurait faire de la jeunesse, de la beauté et de l’attrait trois pouvoirs politiques aussi irrésistibles que la nature. Elle flottait sur les ondulations