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CHAPITRE V.

Il dit enfin que, caché en silence derrière la porte, la main sur le loquet, il avait tout entendu de ma résolution de chercher les traces d’Hyeromino, comme l’ombre celles du corps, et des résistances de mon père et de ma tante.

— Cette pensée, mais c’est une pensée du cœur, dit-il, il faut la lui laisser accomplir, car, quand la raison ne sait plus quoi conseiller aux hommes dans leur situation désespérée, il n’y a que le cœur qui ait quelquefois raison contre tout raisonnement ; laissez-le donc parler dans le cri de l’enfant, et qu’elle aille, à la grâce de Dieu, là où le cœur la pousse.

CXXXVII

Mon père et ma tante, déjà ébranlés par la violence de ma résolution et par l’obstination de ma pensée, n’osèrent plus résister à cette voix du frère quêteur, qu’ils étaient habitués à considérer comme l’ordre du ciel.

Je profitai de leur hésitation pour m’arracher de nouveau de leurs bras, qui me retenaient plus faiblement, et pour m’élancer, sans plus de réflexion, sourde à leurs cris, par le sentier qui descend dans la plaine.