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CHAPITRE III.

glots et des soupirs, étouffés par des reproches et par des baisers.

J’étais vaincue, monsieur, et je demandais à Dieu de mourir en cet instant pour tous mes parents, afin de m’éviter l’horrible et impossible choix, ou d’abandonner mon cher et malheureux Hyeronimo, lorsqu’une voix, comme si elle fût descendue du ciel, interrompant tout à coup le silence de nos embrassements, dit d’un ton d’autorité à mon père et a ma tante :

« Ne résistez pas à Dieu, qui parle par le cœur des innocents, laissez Fior d’Aliza, courir sur les traces de son frère, la protection de Dieu la suivra peut-être dans la foule, comme elle a suivi Sarah dans le désert. Partez, mon enfant, j’aurai soin de ceux qui restent. »

CXXXV

À ces mots, qui nous firent tressaillir comme un coup de tonnerre, nous nous relevâmes tous les trois de la poussière, et nous vîmes debout devant nous notre seul ami sur la terre, le père Hilario.

Il jeta sur le plancher sa besace, plus pleine de provisions qu’à l’ordinaire ; il en tira du pain, du caccia-cavallo (fromage de buffle des Maremmes), une fiasque de vin de Lucques, et dit à mes vieux parents :