Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 41.djvu/187

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
186
FIOR D’ALIZA.

entre ces deux désastres de la cabane ! Il n’y avait que l’innocente Fior d’Aliza qui dormait, quoique blessée, aussi tranquillement que l’agneau qui a laissé de sa laine dans les dents du loup.

CXVIII

Tout étourdis que nous étions par les événements de la journée, et tout abattus par la terreur qui nous enlevait jusqu’à la pensée du lendemain, cependant nous ne pouvions pas attendre le grand jour pour soustraire Hyeronimo au danger qui le menaçait et aux menaces que les sbires avaient proférées en s’éloignant.

— Il faut te sauver aux Camaldules, lui dit sa mère ; tu appelleras, du pied du mur, le frère Hilario, et tu le supplieras de t’ouvrir la chapelle où le bandit de San Stefano a vécu jusqu’à quatre-vingt-dix ans dans un asile inviolable à tous les gendarmes de Lucques, de Florence et de Pise, protégé par la sainteté du refuge. Les dimanches, après la messe, nous irons, ton père, Fior d’Aliza et moi, te porter ton linge et ta nourriture de la semaine.

— Bénie soit l’idée de ta mère, m’écriai-je en embrassant Hyeronimo, qui pleurait en regardant sa cousine endormie… Allons, courage, mon pauvre garçon, lui dis-je ; le seul moyen de les revoir et de nous revoir tous dans de meilleurs jours, c’est de suivre le conseil de ta mère ; c’est