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FIOR D’ALIZA.

deux mots, nous lui racontâmes la scène qui venait de se passer.

— Misérables lâches ! cria-t-il à Calamayo et à ses acolytes, vous n’aurez la vie du châtaignier qu’avec ma vie ! L’arbre est la vie de ma mère, de mon oncle, de ma cousine, de nos pères et de nos enfants ; tuez-nous tout de suite si vous voulez le tuer, mais vous ne le tuerez pas, moi vivant !

À ces mots, il s’approcha, avec un geste désespéré et pitoyable, les bras en l’air, de l’entaille déjà profonde de l’arbre, et, tout pâle de douleur, il pleura un moment en silence comme on pleure sur la blessure d’un homme mourant d’un coup de feu.

CX

Cependant un dialogue terrible et menaçant s’était établi à distance entre Hyeronimo et Calamayo, abrité, contre le jeune homme, derrière le groupe armé de ses bûcherons. Vous êtes témoins, disait l’homme de loi, que ce jeune insensé s’est opposé avec violence, et une arme à la main, à l’abattement de l’arbre, et qu’il fait opposition à la justice. Nous cédons à ses menaces pour ne pas ensanglanter le débat, nous prenons acte de son délit et nous réservons les droits à l’exécution de l’ordre, auquel nous sommes