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CHAPITRE PREMIER.

X

Le moment était délicat et décisif pour la diplomatie de la France. La question allait se poser entre le système constitutionnel et le régime absolu dans les États d’Italie dépendant de l’influence de la maison de Bourbon. Au premier regard, il paraissait évident que l’intérêt de la France serait de se poser en médiatrice entre les rois et les peuples, et d’empêcher les puissances étrangères d’intervenir, comme une haute police armée, à Naples, et bientôt à Turin, pour faire reculer le régime des institutions libres. La France elle-même ayant adopté le régime constitutionnel, il était peu logique à elle de combattre chez les autres ce qu’elle protégeait chez elle-même. Nous devions donc incliner modérément à la cause constitutionnelle à Naples, surtout si cette cause, sincèrement acceptée par le roi et patronnée par l’armée, se préservait des anarchies, des violences où même des excès qui déshonorent les révolutions au commencement.

D’un autre côté, cette révolution, ou plutôt cette explosion inattendue de l’armée, travaillée par la société secrète des carbonari, était un fait d’indiscipline militaire bien plutôt que d’opinion nationale. Calquée sur l’insurrection armée de Cadix et de Riego, en Espagne, elle était un en-