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CHAPITRE IV.

LXXXVIIII

Deux heures après, tout était fini ; les commissaires revinrent avec Hyeronimo, plus pâle, dit-on, qu’un mort ; ils nous lurent un acte de partage et de délimitation par lequel on nous retranchait de toute possession et jouissance les trois quarts du bien paternel. Dans ce retranchement étaient compris d’abord le champ défriché de maïs d’où nous tirions le meilleur et le plus sûr de notre nourriture, le bois de lauriers qui chauffait le four, la plantation de mûriers qui nous donnait la feuille pour les vers a soie (une once de soie avec quoi nous achetions le sel et l’huile pour toute l’année), enfin le petit pré avec la grotte, la source et le bassin où Fior d’Aliza lavait les agneaux et où pâturaient les brebis et les chevreaux. Hélas ! que nous restait il, excepté la roche et les broussailles autour de la maison, et la vigne rampante sur la pente de grès qui descend de la terrasse au midi vers le pré de la grotte !

— Encore la vigne ?

— Non, monsieur. Le terrain sur lequel nos pères l’avaient plantée et les vieux ceps tortus et moussus comme la barbe des vieillards ne nous restaient pas en propriété ; seulement les vieux pampres qui sortaient du terrain enclos de pierres grises, qui avaient grimpé de roc en roc jusqu’à la