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CHAPITRE PREMIER.

des amis du prince de Carignan, depuis le roi Charles-Albert.

Indépendamment du comte de Virieu, du marquis de Barrel, du marquis Alfieri et de son fils, avec lequel j’avais été élevé, je connaissais d’enfance presque toutes les illustres familles du Piémont : les Sambuy, les Ghilini, les Costa, pour avoir reçu avec eux une éducation commune chez les jésuites de Belley, dans ce collège soutenu par eux. Je quittai Turin comblé de leur accueil et je m’arrêtai peu à Florence.

IX

En arrivant à Rome, où je comptais m’arrêter moins de temps encore, j’appris la révolution qui venait d’éclater inopinément à Naples, et qui me força de suspendre mon voyage ; la route de Rome à Naples était interceptée, on ne passait plus. J’attendis qu’elle fût matériellement rouverte, et, ne voulant pas exposer ma femme et ma belle-mère aux dangers inconnus d’une route couverte de soldats débandés et d’une capitale en révolution qu’on nous dépeignait comme sanglante ; d’un autre côté, désirant me trouver à mon poste dans une circonstance éminemment intéressante pour la France et pour la maison de Bourbon, je partis seul pour Naples, au risque de ne pas arriver.

J’eus, en effet, beaucoup de peine à franchir la frontière