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première époque.

Je vois tomber des fronts mille roses flétries,
J’entends mon nom redit par des lèvres chéries.
Anna, Blanche, Lucie ! oh ! que me voulez-vous ?
Qu’est-ce donc que l’amour, si son rêve est si doux ?

Mais l’amour sur ma vie est encor loin d’éclore :
C’est un astre de feu dont cette heure est l’aurore.
Ah ! si jamais le ciel jetait entre mes bras
Un des songes vivants attachés à mes pas ;
Si j’apportais ici, languissante et ravie,
Une vierge au cœur pur, premier rayon de vie,
Mon âme aurait vécu mille ans dans un seul jour ;
Car, je le sens, ce soir, mon âme n’est qu’amour !
Non : chassons de mon cœur ces trop molles images :
De mes livres amis rouvrons les vieilles pages.
Les voici sur ma table incessamment ouverts ;
Mais mon œil flotte en vain sur la prose et les vers.
Les mots inanimés tombent morts de la lyre ;
Mon esprit ne lit pas et laisse mes yeux lire.
Un seul mot s’y retrace, et ce mot est de feu :
L’amour, rien que l’amour ! Mon Dieu ! mon Dieu ! mon Dieu !

. . . . . . . . . . . . . . .

. . . . . . . . . . . . . . .


Parmi tant de beautés, que ma sœur était belle !
Mais le soir, en rentrant, pourquoi donc pleurait-elle ?