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notes.

» L’immense abîme qui sépare notre système des étoiles fixes, ou celles-ci les unes des autres, est, sans aucun doute, une précaution prise pour maintenir la stabilité de l’ensemble ; de même que, dans le système solaire, la distance qui existe entre les planètes, ou entre elles et le Soleil, ne permet pas à leurs perturbations d’excéder certaines limites…

» Il est permis de douter qu’il y ait des étoiles que l’on puisse regarder comme réellement fixes, tant est grand le nombre de celles qui ont un mouvement propre. Il est certain qu’elles nous paraissent fixes, parce qu’elles sont si éloignées qu’il faut les observations les plus délicates pour en déceler les mouvements, et pour distinguer ceux qui appartiennent effectivement aux étoiles de ceux que nous leur attribuons en raison de la marche de notre système vers la constellation d’Hercule. Ce dernier fait a été reconnu par sir W. Herschel, dont les calculs s’accordent avec ceux de quatre des astronomes les plus éminents, pour constater ce mouvement par rapport aux étoiles septentrionales. L’existence en est confirmée par les recherches de M. Galloway, qui est arrivé au même résultat d’après les mouvements propres des étoiles de l’hémisphère austral, en laissant de côté celles qui avaient servi à d’autres observateurs. La conclusion de toutes ces recherches, c’est que le Soleil s’avance vers la constellation d’Hercule avec une vitesse de 400,000 milles (161,000 lieues) par jour, ce qui est presque égal à son rayon…

» Le docteur Wollaston a trouvé, par expérience, que la lumière d’α de la Lyre est cinq fois et demie aussi intense que celle du Soleil. Sirius, dont la parallaxe est insensible, et la distance, par conséquent, incommensurable, est neuf fois aussi brillant qu’α de la Lyre, et cent fois plus que le Soleil. Si donc cette étoile venait occuper la place de la Terre, sa surface s’étendrait presque deux cents fois plus loin que l’orbite de la Lune. Sirius est la seule étoile dont on sache que la couleur ait changé : elle était rouge du temps de Ptolémée ; maintenant elle est la plus blanche du ciel. Souvent les couleurs des étoiles offrent des différences d’un bel effet, dont on ne connaît pas la cause. On n’a pas noté d’étoile simple qui soit bleue. Les jaunes et les rouges sont communes. Dans les étoiles doubles, la plus petite est ordinairement bleue, pourpre ou verte. La plupart du temps, les couleurs appartiennent réellement aux étoiles : quelquefois elles ne sont qu’un effet de contraste. »